Interpellation au Sénat et communiqué de presse antidémocratiques

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Une interpellation inconsidérée et réclamée à la hâte au Sénat ainsi qu’un communiqué de presse provenant du sénateur Larry W. Smith révèlent un effort concerté pour étouffer une conversation intelligente et démocratique sur les solutions à nos défis communs en matière d’environnement, de santé et d’énergie, selon la Fondation David Suzuki.

L’interpellation, aux frais des contribuables, au sujet du financement international des organisations environnementales et le communiqué de presse intitulé « Les fondations étrangères sont une menace pour la souveraineté économique du Canada », sont trompeurs et apportent peu au dialogue national sur des enjeux cruciaux.

« Associer les montants relativement faibles que les organisations environnementales du Canada reçoivent de sources internationales à une sorte de complot radical et à une menace contre la souveraineté canadienne porte préjudice à tous les Canadiens et Canadiennes », affirme Peter Robinson, chef de la direction de la Fondation David Suzuki. « Plus de 90 pour cent du financement de la Fondation David Suzuki provient de donateurs canadiens qui ont à cœur l’avenir du pays, et nous sommes transparents à propos de notre financement. »

Le gouvernement, les sénateurs et, en réalité, tous les Canadiens et les Canadiennes devraient se soucier davantage du fait que le financement privé des lobbys du monde des affaires soit invisible au public. La Fondation David Suzuki s’inquiète aussi de ce que les organismes écologiques sont ciblés, en vertu d’une conviction erronée selon laquelle ces organismes s’écarteraient des intérêts de la population canadienne que les sénateurs ont le mandat de représenter. Jamais nous n’exigerions que le financement des nombreuses autres organisations canadiennes qui partagent le même statut caritatif que les ONGE (organisations non gouvernementales de l’environnement) soit restreint.

« Tout comme nous applaudissons les Canadiens et les Canadiennes qui appuient des activités caritatives menées à l’étranger, des secours après un tremblement de terre à l’aide alimentaire et aux enjeux de conservation, nous félicitons tous ceux qui travaillent pour que le Canada joue un rôle prépondérant dans la protection des écosystèmes dont la communauté mondiale dépend pour sa subsistance et sa survie », commente M. Robinson.

Les organismes de charité prennent une part essentielle à la discussion démocratique dans ce pays, en fournissant de l’information exacte et en temps opportun. Les gouvernements ont besoin de cette information pour formuler des politiques reflétant fidèlement les différents besoins et opinions de leurs citoyens. Le Canada est fondé sur des principes démocratiques et la liberté d’expression. Le fait que les organismes de bienfaisance soient autorisés à participer aux activités et aux revendications politiques contribue de façon non négligeable au bon fonctionnement de la démocratie.

En outre, le communiqué de presse du sénateur Smith est truffé d’erreurs. Son affirmation au sujet de la baisse des revenus de la pêche aux saumons révèle une confusion entre la pêche et l’élevage des saumons. En fait, la plus grande part de la baisse des revenus tirés de la pêche aux saumons est attribuée à l’effondrement rapide des cours mondiaux du saumon, qui s’est produit lorsque les saumons d’élevage ont saturé le marché dans les années 1990. Si le sénateur voulait plutôt s’exprimer à propos des baisses de revenu éprouvées par les salmoniculteurs, il devrait savoir qu’elles sont causées par l’industrie salmonicole du Chili, dont l’offre a inondé le marché, et par les crises économiques mondiales plutôt que par des préoccupations environnementales.

« Suggérer qu’une brochure imprimée en 2000 puisse être liée au cours des produits agricoles sur le marché instantané en 2009, c’est s’éloigner de toute analyse économique crédible dont nous ayons eu connaissance », ajoute Peter Robinson.

La brochure de la Fondation David Suzuki intitulée Why You Shouldn’t Eat Farmed Salmon a été publiée il y a plus d’une décennie, et sa production n’a pas coûté 1,5 million de dollars. Elle a été réalisée dans le cadre d’un programme de recherche pluriannuel sur l’aquaculture, un travail qui a évolué considérablement depuis. Tout comme les études menées par d’autres organismes, cette recherche a mis au jour les problèmes chroniques que les entreprises de pisciculture à enclos ouverts causent aux populations de saumons sauvages.

« Nous ne réclamons pas la fin de la pisciculture, affirme Jay Ritchlin, directeur du Programme de conservation des espèces marines à la Fondation David Suzuki. Nous avançons que les preuves scientifiques étayées montrent qu’il faut remplacer ces méthodes par des systèmes fermés qui ne nuisent pas aux environnements marins locaux. »

M. Robinson ajoute : « Ce communiqué de presse et l’interpellation du Sénat font partie d’une tentative mal avisée, illogique et malhonnête d’étouffer la participation démocratique aux discussions au sujet du bien-être et de l’avenir de notre pays et de ses citoyens. Nous sommes ouverts à un dialogue constructif – à propos du financement, de la politique et de l’intérêt national. Comme de nombreux Canadiens et Canadiennes de tous les horizons, nous nous opposons absolument à toute atteinte aux droits légitimes et démocratiques des citoyens de s’exprimer et d’être entendus, ainsi qu’à leurs droits d’être informés et de discuter des enjeux essentiels à tous les Canadiens. »

 

Source: Fondation David Suzuki

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