La souveraineté alimentaire passe par l’agriculture familiale

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Par Jessica Nadeau


Mots-clés : Réseau Plus et Mieux, sécurité alimentaire, Dr Vandana Shiva, Institut Navdanya, Pan African Farmer’s Organisation, Programme alimentaire mondial des Nations-Unies, Asian Farmers Association, système d’intensification du riz (SRI)

 

Élisabeth Atangana, présidente de Pan African Farmer’s Organisation.
Photo de 
UN Women/Ryan Brown.  
La sécurité alimentaire des populations de la planète passe par l’agriculture familiale, estiment des représentants des paysans réunis à Rio par le Réseau Plus et Mieux en marge de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable.

« Le savoir et les ressources sont entre les mains des paysans, mais ce que l’on appelle l’économie verte veut avoir le contrôle de l’agriculture, faisant en sorte que les agriculteurs doivent non seulement faire face à la crise, mais également composer avec le tsunami des royautés qu’ils doivent payer (aux multinationales semencières)», dénonce Dr. Vandana Shiva, sommité mondiale reconnue pour sa lutte acharnée contre les organismes génétiquement modifiés (OGM).

Avec une dizaine d’autres spécialistes et représentants d’associations paysannes du monde, réunis à Rio dans le cadre d’un atelier parallèle sur la transition agricole, la directrice de l’Institut Navdanya dénonce un modèle économique qui favorise les profits au détriment des agriculteurs et de la sécurité alimentaire des peuples.

« Cette agriculture se base que sur la recherche de profits. Elle a endetté les agriculteurs d’un peu partout sur la planète et c’est pourquoi les petits agriculteurs sont en voie de disparaître, tant au nord qu’au sud. »

Elle donne l’exemple de l’Inde, son pays natal, où une multinationale a pris le contrôle de près de 95% de la distribution des semences et des intrants agricoles dans la dernière décennie. Il est interdit aux paysans de conserver et de réutiliser les semences brevetées dans les champs. Selon certaines estimations, ces contraintes auraient causé le suicide de 25 000 paysans.

Vandana Shiva réfute l’idée que l’agriculture doit être intensive pour être productive. « Plus les fermes sont petites, plus elles sont diversifiées et plus bénéfiques elles sont pour les agriculteurs », martèle-t-elle.

 

Éducation et ressources humaines

Son message trouve écho tant en Afrique qu’en Asie, où 80% de la population vit de l’agriculture. En Afrique, la population ne peut survivre sans la souveraineté alimentaire.

« Notre principal soucis aujourd’hui, à l’heure où les villages sont menacés par les changements climatiques, c’est le besoin d’investissement et d’outillage pour les petites organisations familiales. Il faut investir dans les ressources humaines afin d’aider la population à maitriser les techniques qui leur permettront d’acquérir la souveraineté alimentaire »,  lance Élisabeth Atangana, présidente de Pan African Farmer’s Organisation.

Pour Yaya Olaminan, du Programme alimentaire mondial des Nations-Unies, la question de l’éducation doit être au cœur de l’agriculture durable. « Si nous voulons valoriser l’agriculture durable, il faut retourner à la base. Cela veut dire : éducation, éducation et éducation. »

 

L’exemple cambodgien

La formation des paysans a porté ses fruits dans le village cambodgien de Sophal Uon, membre de l’Asian Farmers Association.

C’est par le biais d’une ONG que six agriculteurs du village ont été invités à découvrir, en 2005, le système d’intensification du riz (SRI). Les agriculteurs locaux souffraient d’une faible productivité et des coûts élevés associés aux graines et pesticides.

Après cinq ans, Sophal Uon et ses partenaires ont constaté une augmentation de la production de 114%, tout en réduisant à zéro leur consommation de pesticides chimiques.

« Aujourd’hui, nous sommes plus de 80 agriculteurs dans ce programme », raconte l’agriculteur. Nous sommes autosuffisants et, plutôt que de laisser les champs vides pendant la saison sèche, nous avons commencé à planter des concombres, des aubergines et d’autres légumes! », raconte Sophal Uon.

Pour eux tous, il importe d’avoir des programmes d’aide pour appuyer ce type d’initiatives qui fait une différence sur le terrain.

 

Changer l’image du paysan pauvre

« Nous avons une image du paysan pauvre qu’il faut changer, note Angela Hilmi, directrice de l’organisme Kiasmo et auteur du livre La transition agricole, une autre logique.

Elle précise : « Il faut respecter leur autonomie, leur contact avec la nature et leur travail qui se distingue de la logique marchande. Pour l’avenir, il faut effectuer une transition qui s’appuie sur la compétence des paysans. »

 

Source: GaïaPresse

 

GaïaPresse a pu envoyer la journaliste Jessica Nadeau à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable à Rio au Brésil grâce à un soutien financier du Gouvernement du Québec. 

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