L’environnement : l’enfant pauvre de la Tunisie

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Par Vanessa Cournoyer-Cyr


Mots-clés : développement immobilier, écosystèmes, environnement, forêts, protection du territoire

 

Tunis. Photo de Citizen59 – Wikipedia commons

Depuis la révolution tunisienne survenue le 14 janvier 2011, le secteur de l’environnement a été négligé, voire complètement oublié, par le gouvernement en place.

«Le domaine qui a le plus souffert de la révolution est l’écologie et la protection du territoire», a dénoncé Adib Samoud, médecin-vétérinaire engagé à la défense de l’environnement dans la région côtière de Kelibia. Dans ce pays de 10 millions d’habitants, peu d’efforts ont été consacrés à la protection de l’environnement.

 

Un développement immobilier effréné

Plusieurs ont voulu tirer profit de cette inertie. Depuis le changement de régime, un développement archaïque s’étend à l’échelle du pays, menaçant les milieux naturels et humains. Plusieurs constructions ont été érigées de façon anarchique et illégale au lendemain de la révolution. Par exemple, de nombreux hôtels et domaines ont été construits sans permis de bâtir, transformant complètement le paysage. «Aux abords de la plage d’El-Mansoura, de grandes propriétés étrangères viennent réduire l’accès des Tunisiens à la plage, en plus de porter atteinte au paysage visuel», a déploré M. Samoud. Un hôtel lybien non-terminé trône en face de la plage, illustrant bien cette triste réalité. Les lois sur la conservation existantes peinent à être respectées. La police municipale demeure impuissante face aux grands constructeurs immobiliers.

 

Des atteintes directes aux écosystèmes

La Tunisie a longtemps été reconnue pour sa faune et sa flore dans la région du Maghreb. De grandes forêts sont présentes à travers le pays. Région agricole riche et diversifiée, Kelibia a vu l’une de ses forêts les plus anciennes détruite sous l’effet des flammes. Détenue par des particuliers, cette forêt artificielle sur dunes abritait de nombreux écosystèmes et espèces. Selon M. Samoud, la construction est à l’origine de ce désastre écologique qui a détruit plus de 600 hectares de forêts. «En brûlant cette forêt, la terre est redevenue constructible. Le développement immobilier était alors facilitée.»

 

Des habitants engagés

Heureusement, certains habitants ne baissent pas les bras devant ce qu’ils considèrent comme une véritable injustice. Adib Samoud est l’un de ceux-là. Médecin vétérinaire engagé, blogueur et activiste politique, il ne ménage pas les efforts pour protéger sa région et son pays. Des mouvements de grève ont aussi émergé depuis le 14 janvier 2011. Le 24 mars dernier, des manifestants ont bloqué l’accès à l’autoroute A1, principale artère reliant le nord et le sud du pays. Ils revendiquaient un meilleur accès à l’eau potable dans toutes les régions.

Certaines structures permettent également de limiter les dégâts. Par exemple, le parc de Kasserine protège 20% de l’ensemble des forêts tunisiennes. La chasse est interdite dans cette réserve de la biosphère où cohabitent gazelles et mouflons à manchettes, longtemps traqués par les braconniers. D’importantes sanctions sont prévues pour les contrevenants.

 

Note de la rédaction : cet article a été rédigé dans le cadre de la participation de la journaliste au Forum social mondial de Tunis.

 

Source: GaïaPresse

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